Au commencement il y eut le bruit.
Puis vinrent les ténèbres.
La cacophonie humaine s’estompa.
Les chiens, jusqu’alors assommés par la chaleur reprirent possession de leur territoire, déclenchant par là même des guerres tribales. Les meutes s’affrontèrent jusqu’ au sang avec d’impressionnantes intimidations sonores, allant de l’aboiement haut et clair au jappement vindicatif.
Quelques sons humains se faisaient toujours entendre.
La trêve fut signée entre les chiens et les hommes trop las, se reposèrent.
C’est dans ce contexte tardif, ou matinal, je ne sais plus qu’apparut un dieu oublié des Indiens. Eux si prompt à vénérer des millions de dieux méprisaient au plus haut point le seul capable de préserver la santé mentale des plus affaiblis d’entre-nous : Le Silence.
Certes sa venue sur Terre ne fût qu’éphémère, mais tous l’apprécièrent sans aucune remise en question de leur propre foie.
Tout cela était sans compter sur la rupture de la trêve canine. Avec force de conviction les vaincus tentèrent de récupérer les territoires perdus auprès des vainqueurs.
Alors que les affrontements canins s’estompèrent à nouveau faute de d’assaillants valides, un nouveau fléau venu du ciel s’abattit sur Terre.
Des centaines d’oiseaux de mauvaise augure à la robe noire et au coup gris déployèrent leurs lugubres ailes sur la ville endormie, ou presque.
Leur sinistre croassement s’infiltra puissamment dans toutes les demeures.
L’Homme s’éveilla.
Conséquemment des voix mercantiles se firent entendre dans la rue et les moteurs de toutes sortes s’animèrent.
Le soleil montait dans le ciel au rythme des décibels. Le bruit s’imposa de lui-même.
Puis vinrent les ténèbres.